samedi 29 janvier 2011

La Poste–France Télécom : répétition d’un scénario noir?

L’Humanité du 27 janvier publie « Brisons l’omerta ! ». Un article qui pointe les méthodes de management de la Poste, la dégradation des conditions de travail qu’elles impliquent et leurs effets maltraitants pour la santé : « l’idée que le suicide puisse devenir un acte ultime de résistance nous est insupportable » :
http://www.humanite.fr/26_01_2011-brisons-l%E2%80%99omerta-463388

Depuis le 1er janvier 2011 le secteur postal est ouvert à la concurrence et la Poste a perdu son monopole. Malgré une mobilisation populaire forte, par une loi votée le 12 janvier 2010, la Poste est devenue société anonyme. Le gouvernement a expliqué que ce changement de statut permettrait de réaliser des augmentations de capital et de trouver de nouveaux financements. Pour le moment les actionnaires restent l’Etat et la Caisse des Dépôts. Société anonyme la Poste demeure donc une entreprise publique au sein de laquelle travailleront à la fois des fonctionnaires et des salariés relevant de contrats de droit privé.

Ainsi après France Télécom, la Poste connait une restructuration issue du même scénario. Pour être concurrentielle, combien de licenciements seront jugés nécessaires par la direction de la Poste ? Les syndicats avancent le chiffre de 50 000 emplois supprimés d’ici 2015. Ce plan social dira-t-il son nom ? Ou pression, accusations infondées, augmentation du temps de travail, changement incessant de bureau, transfert d’un centre postal à un autre… pousseront des femmes et des hommes au mieux à la démission au pire au suicide ? Plusieurs postiers se sont déjà donné la mort en 2010.
Lire sur ce sujet les témoignages présentés par un autre article de L’Humanité du 27 janvier « Catastrophes humaines en cours à la Poste » : http://humanite.fr/26_01_2011-catastrophe-humaine-en-cours-%C3%A0-la-poste-463387

La psychiatre Brigitte Font le Bret reçoit des employés de la Poste et dit entendre dans ses consultations Souffrance et Travail des mots qui sont « des copier-coller » de ceux des salariés de France Télécom. Elle témoigne de suicides, de tentatives de suicides, de travailleurs qui souffrent ne plus être libres d’exercer leur métier selon leur conscience professionnelle et leurs valeurs collectives. Pour l’entendre, écouter le 3e sujet du journal de France Télévision : http://info.francetelevisions.fr/?id-video=cafe_HD_1200_grenoble_midipile_140111_276_14012011123440_F3

Comme le précise ce médecin, face à la souffrance vécue au travail il ne s’agit plus « d’observer ». Comment entrer en résistance quand la liberté est considérée comme acquise, et que l’ennemi n’est pas pensé comme un ennemi ? A quoi résister ? Où sont les lignes ? Quand le management par la peur existe… en réponse, collectivement et individuellement, trouver le courage de lui opposer le respect de soi, de sa liberté, de ses valeurs, de ses compétences, de la responsabilité et du droit… pour ne pas travailler dans la soumission.

Valérie Tarrou

vendredi 28 janvier 2011

Les suites du licenciement de Marie Pezé de la consultation Souffrance et Travail de Nanterre

Publié dans le Monde du 25 janvier 2011 un article de Bertrand Bissuel intégralement repris ci-dessous : « Une spécialiste de la souffrance au travail poursuit son employeur -La psychologue Marie Pezé attaque l'hôpital de Nanterre. Elle conteste son licenciement. »

«Licenciée en juillet 2010, Marie Pezé, l'une des plus grands spécialistes de la maltraitance dans le monde de l'entreprise, va saisir la justice pour obtenir réparation des préjudices causés, selon elle, par son ex-employeur, le Centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH) de Nanterre. C'est le tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui examinera sa requête.

Mme Pezé avait été recrutée en 1975 par le CASH pour y exercer des fonctions de psychologue dans le service de chirurgie. Vingt-deux ans plus tard, elle a ouvert, au sein de l'établissement, une consultation "Souffrance et travail", où des centaines de salariés en situation de détresse professionnelle ont été accueillis.

Par la suite, d'autres lieux du même type ont été créés à travers la France, donnant lieu à la constitution d'un réseau nationalement reconnu.

Atteinte par une pathologie évolutive, Mme Pezé est reconnue travailleuse handicapée à 80 % depuis la fin des années 1990. La direction du CASH a procédé à quelques aménagements pour tenter de faciliter la tâche de la psychologue. Mais son état de santé s'est dégradé - tout comme les relations qu'elle entretenait avec la hiérarchie de l'établissement. Finalement, la médecine du travail l'a déclarée définitivement "inapte" à son poste. Son reclassement dans l'hôpital a été envisagé mais l'hypothèse a tourné court. Mme Pezé a donc été congédiée.

En novembre 2010, elle a adressé au CASH une "demande indemnitaire", car elle estime avoir été lésée pour plusieurs raisons. Selon elle, la direction n'a pas pris les mesures adaptées à son handicap, ce qui a engendré du stress et du surmenage. Mme Pezé affirme également avoir été en butte à la mauvaise volonté d'une partie des cadres de l'établissement.

Enfin, elle reproche au CASH des irrégularités sur le plan administratif : elle dit avoir été rémunérée sur la base d'un mi-temps alors que sa charge de travail était nettement plus importante ; de plus, elle est restée soumise au statut de vacataire pendant plus de vingt ans. C'est pourquoi elle réclame à l'hôpital 331 000 euros de dédommagement.

Le directeur, Philippe Thomas, lui a répondu non dans une lettre datée du 12 janvier. Il fait notamment valoir que la prescription joue pour les demandes de rappels de salaires concernant la période antérieure à l'année 2006. Il s'étonne par ailleurs de "la tardivité" des doléances de Mme Pezé et souligne qu'"elle n'a jamais contesté la répartition de son temps de travail". Il juge "exorbitantes" et "infondées" les demandes d'indemnisation au titre des "préjudices moral et de santé" : "L'établissement a - ... - été attentif, dans la mesure du possible, à la mise en œuvre d'actions permettant d'améliorer les conditions de travail de l'intéressée", se défend-il.

Mme Pezé a décidé de contester cette décision devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Compte tenu des délais actuellement observés dans cette juridiction pour traiter les recours, l'affaire pourrait être jugée en 2012.»

1) Coordonnées du réseau : http://www.karlotta.com/set.swf

samedi 22 janvier 2011

Les missions de la médecine du travail

Dans le contexte d’une proposition de loi déposée par le Sénat réformant la médecine du travail, le groupe « Travail et Emploi » d’Un Monde d’Avance (1) a rencontré Philippes Davezies, enseignant chercheur en médecine et santé au travail à l'Université Claude-Bernard Lyon 1, qui développe dans cet interview l’historique et les missions de la médecine du travail : http://www.mediapart.fr/club/edition/un-monde-davance/article/210111/entretien-avec-philippe-davezies-enseignant-chercheur-e

Un Service de Santé au Travail a pour vocation d’être une ressource efficace pour l’amélioration des conditions de travail et de la qualité de vie dans l’entreprise. Son action médicale concerne la prévention et la veille de la santé des salariés. Dans le cadre de ses consultations le médecin du travail mène des entretiens individuels où le salarié peut s’exprimer librement et assure des visites : d’embauche, périodiques, de préreprise et de reprise après un arrêt de travail.

La visite de préreprise est importante à connaître. Elle relève de l’initiative du salarié, ou du médecin traitant ou du médecin conseil de la sécurité sociale. L’employeur n’en est pas informé et elle peut être utile au médecin du travail lorsqu'une modification de l'aptitude au poste de travail est envisageable. Il peut ainsi étudier les possibilités et les conditions de reprise (aménagements, temps partiel thérapeutique…) alors que le salarié est toujours en arrêt de travail. Cet entretien avec le médecin du travail permet au salarié d’aborder les difficultés qu’il peut éprouver face au retour dans l’entreprise et d’être conseiller dans des démarches de réadaptation.

Le médecin du travail réalise également des actions de veille, d’alerte, d’information et de conseils en milieu de travail. Notamment en ce qui concerne : l'hygiène et la sécurité ; l'évaluation des risques professionnels, notamment à travers la rédaction de la fiche d'entreprise ; l'amélioration des conditions de vie et de travail dans l'entreprise, l'adaptation des postes, des techniques, et des rythmes de travail à la physiologie humaine ; la prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles ; la protection des salariés.

Médecin, ce praticien se doit d’exercer en s’appuyant sur les principes d’un travail adapté à l’homme, et non d’un homme adapté au travail, et d’un salarié acteur de sa propre santé.

Valérie Tarrou

1 - Un Monde d’Avance organise samedi 5 février à la mairie du XIVe à Paris un colloque « A la reconquête du travail » : http://www.unmondedavance.eu/A-la-reconquete-du-travail

mardi 11 janvier 2011

« Journée mondiale du travail décent »

La Journée mondiale du travail décent est organisée le 7 octobre de chaque année depuis 2008 par la Confédération syndicale internationale.
Lors de cette Journée de mobilisation, les syndicats à travers le monde défendent le travail décent pour l'inscrire au coeur des actions gouvernementales afin de construire une nouvelle économie qui se donne pour objectifs : croissance et respect des personnes.
Site de la Journée 2009 : http://2009.wddw.org/-Francais-
L’Entreprise.com propose un dossier spécial « Journée mondiale du travail décent » et engage à la lecture d’une sélection d’articles publiés à l'occasion de ces Journées :
http://www.lentreprise.com/gerer-une-equipe/dossier-special-journee-mondiale-du-travail-decent_21553.html